dimanche 5 janvier 2014

Des quenelles et de leurs différentes sauces : Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, ou pas.

Donc voilà, je m'intéresse au fait divers du moment tel le journaleux de base.

Vous avez pas pu louper le truc de la quenelle. Et prenant la température à droite et à gauche sur internet, je suis tombé sur le blog d'un Odieux Connard. Tout de suite, ça m'a plu. (1) Et j'ai lu ce billet.

Ça parle de... mais vous avez qu'à le lire. Faut cliquer sur l'image. C'est très bon dans la forme.

Par contre, sur le fond, c'est moyen. Je précise tout de suite, je suis pas fan de Dieudonné; je suis pas d’extrême droite. J'ai une horreur maladive de la hiérarchie. Mais peu importe, je le précise juste pour éviter un procès d'intention. S'il vous plaît, évitons ça.

 Je rebondis sur sa conclusion : "les idées à la con ne se propagent pas grace à l'intelligence de ceux qui les progagent, mais par la connerie des gens qui sont censés les combattre".

Au début le truc, ça m'a plu. C'est assez vrai mais il y a une faille. En fait, la vie c'est plus compliqué qu'un slogan.

Pour commencer, il faut savoir que dans le monde des sciences, ça marche pas toujours. À trois reprises, il est arrivé que des scientifiques publient des trucs complétement bidons, juste pour voir. Il y a eu un article sur la théorie des cordes, en physique. Un article de mathématiques généré par un ordinateur. Et encore un autre - à ma connaissance. Si ça se trouve c'est encore beaucoup plus courant. Je vais essayer de trouver les sources (2).

Parce que oui, si on vient nous dire 1 + 1 = 3, là forcément... encore que, si vous avez fait le lycée, on a du vous faire la blague de la démonstration qui montre que si, 1 + 1 = 3 (spoiler : en fait c'est une habile division par zéro). Vous voyez même sur un truc aussi simples, on peut se gratter la tête. Alors quand on est dans les trucs super compliqués, genre l'espace-temps et tout ça, là... on trouve facilement des gens qui racontent n'importe quoi. Oh ben tiens, jamais entendu parler des frères Bogdanoff ? De l'homéopathie et la mémoire de l'eau ? De l'acuponcture et des rivières d'énergie ?

Alors dans le domaine de la politique ou des idées ? Si c'était si facile que ça de contredire les racistes, on le saurait. Pour convaincre un raciste qu'il se trompe, il faut une sacré patience. Mais surtout, il faut se mouiller. C'est là où l'Odieux Connard a bien raison.

Encore une fois, je suis vraiment à des milliers d'années lumières de l'extrême droite. Et je crois savoir pourquoi les UMPistes et les socialistes veulent pas débattre avec elle. Parce qu'au fond, ils sont les mêmes. Dans beaucoup de cas, ils tiennent des discours essentiellement racistes ou sexistes. Sans même bien s'en rendre compte, on dirait.

Je pourrai trouver des tas d'exemples : il y eu Valls, il y a pas longtemps, sur les roms. Mélenchon, sur la grippe A, qui voulait qu'on vaccine d'abord, qu'on parle ensuite. Chirac, avec le bruit et les odeurs. Ce sont des autoritaires, et sur ce point ils rejoignent les fascistes. Difficile après d'aller les combattre. Le FN dénonce sans arrêt la corruption (il ne fait pas mieux, les rares fois où il a eu une parcelle de pouvoir); mais où trouver un politicien qui ne soit pas véreux pour leur donner des leçons ? Je sais bien que la vérité ou la morale ne dépendent pas de la personne qui les énoncent, mais quand même.


Il faut aussi savoir accepter la part de vérité qu'il y a dans un discours, même le plus délirant, et comprendre que cette acception ne vaut pas accord complet. Pour reprendre le parallèle avec la physique ou les maths, c'est comme si vous décidiez de bannir la géométrie euclidienne parce qu'elle a été utilisée par Staline. Hé, si Staline disait 2 + 2 = 4, c'était vrai ! Donc vous voyez vous aussi vous êtes d'accord avec Staline ! Ma parole vous faîtes l'apologie de crimes contre l'humanité !

Pour démonter ces idées, faut déjà bien les écouter. Puis comprendre à partir de quel moment ça déconne. Mais à faire ça, comme je le disais, on prend le risque de s'apercevoir qu'on partage un tronc commun qu'il va peut-être falloir remettre en cause.

Par exemple, combattre le racisme et parader avec un drapeau national, il y a comme une petite contradiction, vous trouvez pas ? Les politiques tiennent sans cesse des discours selon lesquels il faut redresser le pays, lui redonner une place de premier plan, bla bla bla. Si vous grattez un peu le vernis, ça signifie quoi ? Quand on monte dans la hiérarchie, c'est toujours au dépend des autres, pas vrai ? Tout le monde peut pas non plus être au premier plan, il va donc falloir qu'un autre dégage. Ces discours, belliqueux sans avoir l'air d'y toucher, sont des discours racistes, qui sous-entendent que les habitants d'un pays X sont mieux que ceux d'un pays Y. Oh, on parle plus de race supérieure, non, on glisse d'habiles allusions. Le rôle positif de la colonisation, ça vous parle ?

Et pour finir quand on se moque des dictatures qui interdisent l'humour, et qu'on a un ministre qui propose non pas de le faire directement, mais simplement nier le caractère humoristique de propos pour le faire en fin de compte, je dis simplement : on a le nez dans notre caca. Alors, ça sent bon ?

(1) Ce connard a failli me tuer de rire avec son spoiler de la Désolation de Smaug, d'ailleurs. (http://odieuxconnard.wordpress.com/2013/12/23/le-hobbit-la-desolation-tout-court/)

(2) Un peu ici : http://math-et-physique.over-blog.com/article-ces-parasites-de-l-open-access-120419732.html